De l'envol des baleines
" Les enfants nagent depuis la porte jusqu’aux branches les plus hautes
en bancs serrés et
scintillants
battant des bras à l’unisson du vent
un jeune sirocco encore convalescent qu’on avait recueilli presque mort
et nourri tout l’hiver au lait fangeux de nos rivières"
Ouvrage disponible sur le site des éditions Rhubarbes :
http://www.editions-rhubarbe.com/envoldesbaleines.htm
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Extrait
La pluie frappe à la porte et mendie pour un peu de clémence
mais l’océan l’a reléguée au statut de paria
telle une giboulée de petite vertu
Les enfants rient en avalant les dernières braises du repas
et lui conseillent à grands cris
de remonter à sa naissance
chanter avec les baleines quelques airs oubliés
sans négliger de refermer l’utérus des nuages indécents
ni d’effacer ses larmes sur la vitre
Ces longs fantômes de son passage
***
Nos enfants naissent avec des palmes à la place des mains
des ouïes à la place du nez
et la sombre dorsale qui déchire la mère au passage
Ils ne savent plus jouer à se lancer des étincelles
ni sauter dans les feux d’artifice
qui se font liquider aussitôt
Seulement desserrer les mâchoires pour crier une écume insipide
jeter leurs yeux aux quatre vents qui les emportent dans leurs flots
Ils grandissent entre deux eaux et se diluent comme des
brouillards
***
Une meute avinée de très vieux loups de mer
à la solde d’un hiver belliqueux
hante les eaux tièdes entre taverne et forêt
Leurs yeux sont morts par simple excès de chlore
fruit de leurs années d’errance dans des piscines désaffectées
et les crocs tombent de leurs gueules comme autant de cailloux blancs
pour que s’égarent les petits poucets aux nageoires volatiles